Un jardin thérapeutique en unité de soins palliatifs

Un jardin Thérapeutique en unité de soins palliatifs (N. Brès et Th. Guizard)

 Les soins palliatifs sont des lieux singuliers dans le monde du soin. Les patients ne sont pas soignés pour être guéris mais pour leur assurer une fin de vie décente et apaisée. La réduction des douleurs physiques et psychiques est le second axe de la prise en charge des patients.

La présence de la nature dans les unités de soins palliatifs répond de manière forte et efficace à ces 2 objectifs. Nous en sommes convaincus.
Faire fleurir un jardin au milieu de l’hôpital, c’est puiser dans nos racines immuables d’être humain sur la Terre, c’est insuffler l’énergie de la vie, donner de la force, adoucir l’épreuve de la maladie et du deuil.

La nature est aussi un puissant allié des soignants dans leur travail d’accompagnement. Quand les mots ne parviennent pas à rassurer, quand les médicaments ne suffisent pas à atténuer la douleur ou la peur, les plantes offrent leur aide, en toute simplicité. Sentir une rose, c’est parfois partir en voyage loin, très loin, et oublier ce qui préoccupe nuit et jour.

La proximité avec les plantes, dedans comme dehors, réintègre l’homme dans son environnement naturel et par là-même lui donne accès à une part essentielle de son humanité. L’être humain se rassemble et quitte alors le monde terrestre en amitié avec cette nature qui l’a vu naître.

Vous travaillez en USP et avez le désir d’utiliser le formidable potentiel de la Nature dans la prise en charge de vos patients ? C’est une magnifique idée !

Voici quelques conseils qui vous seront, nous l’espérons, utiles :

La conduite du projet

Constituez une équipe projet solide d’au moins 3 personnes. Le projet ne peut reposer que sur les épaules d’une seule.

  • Dans l’idéal, cherchez le soutien de vos supérieurs hiérarchiques.

  • Faites de la pédagogie sur les intérêts de la nature en milieu de soins. Vous obtiendrez sans doute un soutien précieux qui facilitera vos démarches.

  • Une connaissance de base de jardinage et un fort enthousiasme peuvent suffire pour la réussite du projet. Cependant vous aurez intérêt à faire appel à un professionnel si vous manquez de confiance.
    ATTENTION toutefois : les paysagistes ne se mettent pas toujours à l’écoute des besoins spécifiques d’un service hospitalier et n’ont la plupart du temps qu’une idée très vague de ce qu’est un jardin de soins. Par commodité ou ignorance ils reproduisent dans un hôpital ce qu’ils font ailleurs : des jardins d’agréments ou décoratifs, parfois plaisants mais de faible portée thérapeutique.

  • N’ayez pas peur de faire des erreurs. La Nature est généreuse et vous pardonnera aussitôt !

  • Si vous avez peu de moyens financiers, commencez petit… mais commencez quand même ! La Nature est généreuse, elle donne beaucoup avec peu.

  • Pour la recherche de fonds, faites appel aux fondations, aux mécènes… Certes il faut constituer des dossiers parfois fastidieux, mais croyez en votre projet et vous saurez convaincre. Vos efforts seront récompensés !

• Se former à l’horti-thérapie et l’expérimenter dans un jardin de soins en France, c’est possible. Rencontrer des personnes expérimentées contribuera à vous convaincre que cela fonctionne bel et bien, cela vous donnera confiance. Votre projet sera assurément pérenne.

La définition du projet

Rendez possibles des rencontres avec la nature, à chaque moment du séjour des patients, en dépit de leur faible mobilité.

  • Identifiez les points forts et les points faibles de votre lieu d’exercice. Où la nature est- elle présente et pourrait être mise en valeur, où serait-elle bienvenue, y a-t-il des lieux inaccessibles aux patients, des vues à cacher… ?

  • convoquer toutes les facettes de la nature (flore et faune, biodiversité, ciel et terre, eau, minéral, saisons…).

  • Recherchez l’harmonie des lieux en usant de votre sensibilité. Le choix des plantes, leur positionnement, le choix des matériaux… Rendez-vous disponibles à ressentir ce qui agit en vous, et laissez le patient ressentir ce qui agit en lui, sans le guider mais en l’accompagnant.

  • Mettez en place un projet qui pourra être maintenu dans le temps. Pensez dès le début à l’entretien des plantes, du jardin, réalisez un projet à la mesure de votre service et du nombre de personnes impliquées.

  • Cherchez à établir des partenariats avec des organismes extérieurs proches : associations de jardiniers,ESAT, écoles d’horticulture,… Les synergies sont souvent heureuses, apportent dynamisme et vitalité à de tels projets. Une bonne organisation et une relation de confiance sont cependant nécessaires.

  • Pensez à l’après travaux : le jardin de soins installé, il commence à vivre avec l’accompagnement d’un professionnel formé à l’horti-thérapie.

Traitement des espaces intérieurs (chambres, espaces communs)

Dans la chambre, disposez au moins une plante, un bouquet de fleurs ou un élément naturel (branche, pierre, mousse…). L’effet affectif sera plus fort si cet élément a été disposé spécialement pour l’accueil du patient, ou s’il a été apporté par un proche. On fait ainsi de la chambre un lieu familier et accueillant, propice à la douceur, à la chaleur humaine et à la paix. On efface ainsi un peu l’aspect « médicalisé » de la chambre d’hôpital.

  • Disposez des végétaux visibles depuis le lit (sur le balcon, dans l’espace extérieur visible depuis la chambre, cour ou jardin). Ils accompagneront le patient à chaque instant, atténuant l’impression d’enfermement et donnant envie d’explorer l’extérieur (seul ou accompagné, selon le contexte).

  • Privilégiez les matériaux nobles (poteries, grès, bois). Evitez les bacs en plastique, peu durables et les couleurs trop vives.

  • Veillez au bon état végétatif des plantes. Rien de pire que la vision d’une plante à moitié morte…

  • Proposez des ateliers d’horti-thérapie dans les chambres (exploration sensorielle depuis le lit) à ceux qui ne peuvent aller au jardin. L’idée d’un « chariot-jardin » mobile, par exemple, est simple et modulable à souhait.

  • Mettez à disposition immédiate des soignants les plantes qui serviront aux ateliers, qu’ils soient faciles à improviser et rapides à mettre en place. L’idée d’un « chariot-jardin » mobile, par exemple, est simple et modulable à souhait.

• Dans le cas de l’impossibilité d’intégrer des plantes dans les chambres (certains services d’hygiène les refusent), des décorations murales évoquant une nature apaisante (tableaux, motifs floraux…) auront tout de même un effet – bien que moindre – sur l’état psychique du patient. Le mieux reste évidemment une plante ou des fleurs bien vivantes !

Traitement des espaces extérieurs (jardins, terrasses, cours, patios)

 
  • D’une manière générale, aménagez le jardin pour favoriser la contemplation, le calme intérieur, la douceur. Dans ces services, les patients sont généralement épuisés, il ne faut donc pas leur imposer trop de stimuli, mais leur proposer quelques éléments doux et simples à appréhender, voir, entendre et sentir.

  • Dans le tracé du parcours, pensez à ce qui est vu depuis un lit d’hôpital. Favorisez, par conséquent, les vues sur la couronne des arbres, si cela est possible. Quoi de plus apaisant que de contempler les ramures, observer le mouvement des branches, d’entendre le bruissement des feuilles au passage du vent ?

  • Permettez aux patients, dans le parcours, d’approcher quelques plantes qui pourront faire l’objet de mini-ateliers d’horti-thérapie (stimuli sensoriels)

  • Le doux bruit d’une fontaine est bienvenu.

  • Cherchez le juste équilibre : un jardin ni trop fermé (risque de claustrophobie) ni tropouvert (pas assez contenant). Ou bien proposez des espaces ouverts et d’autres pluscontenants.

  • Rendez le jardin accessible en lit d’hôpital autant que possible (PMR, revêtementpermettant aux lits de rouler, pente douce (max 3°).

  • Constituez des allées assez larges (1,8m environ) pour permettre le croisement entre un litet un fauteuil et la manœuvre des lits.

  • Choisissez un certain nombre de plantes connues, évocatrices, ayant davantage dechances d’être directement appréciées des patients.

  • Pensez aux soignants et aux familles en leur réservant, idéalement, un espace jardin quileur est spécialement dédié.Bon courage dans votre projet, et n’hésitez pas à nous joindre si vous avez besoin d’un soutien.

    Nous serons très heureux de contribuer au bien-être de vos patients et de vos équipes !

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