Roger Ulrich rejoint la FFJNS en tant que membre d’honneur

Dans le domaine des jardins thérapeutiques et des jardins de soin, l’étude scientifique la plus souvent citée est celle de Roger Ulrich parue dans Science en 1984, « La vue à travers la fenêtre peut influencer le rétablissement suite à une opération chirurgicale ». Un article qui démontrait que des patients ayant subi la même opération chirurgicale se remettaient plus rapidement quand ils avaient une vue sur des arbres que lorsqu’ils avaient une vue sur un mur en béton par leur fenêtre de chambre d’hôpital. Roger Ulrich a mesuré que les patients avec une vue sur des arbres restaient moins longtemps à l’hôpital, prenaient moins de médicaments contre la douleur, développaient moins de complications et étaient de meilleure humeur.
 
Depuis cette première étude, il est devenu le chercheur le plus souvent cité dans le domaine de la conception d’établissements de santé fondée sur les données de la recherche (evidence-based design) et il a mené des dizaines d’études majeures, notamment sur le rôle d’un jardin pour réduire le burnout des infirmières, pour réduire le stress des familles qui attendent des nouvelles d’un proche en soins intensifs ou encore pour dimininuer la prise de médicaments pour des personnes hospitalisées en psychiatrie. En mai 2019, Roger Ulrich a été le conférencier principal au colloque « Des jardins pour prendre soin » qui s’est tenu au CHU de Saint-Etienne à l’initiative des créateurs du Jardin des Mélisses, un jardin de soin exemplaire en milieu psychiatrique, membre de la FFJNS.
Roger Ulrich vient de nous faire le plaisir d’accepter, du tac au tac, notre invitation à devenir membre d’honneur de la FFJNS.
Il sera notamment en mesure de guider les membres de notre association dans les travaux de recherche scientifique qu’ils souhaitent entreprendre. « Le coronavirus et les mesures de confinement ont rendu encore plus évident le puissant besoin de l’homme d’avoir un lien fort avec la nature », écrit-il à la FFJNS. « Une crise peut parfois créer de nouvelles opportunités. Je pense que le coronavirus a pu augmenter la demande et le besoin de recherche sur la nature et la santé, et a peut-être contribué à ouvrir de nouvelles portes en ce qui concerne les sources de financement de la recherche en France. »
Jusqu’à sa retraite en 2019, Roger Ulrich était professeur d’architecture au Center for Healthcare Building Research de l’Université de technologie Chalmers en Suède et professeur adjoint d’architecture à l’Université d’Aalborg au Danemark. En 1993, il a fondé et co-dirigé le Center for Health Systems and Design de la Texas A&M University, un centre interdisciplinaire hébergé conjointement dans les écoles d’architecture et de médecine. En 2005-2006, le National Health Service de Grande-Bretagne l’a recruté en tant que conseiller principal sur les environnements de soins aux patients lors d’un vaste programme de création de nouveaux hôpitaux. Son travail a eu un impact direct sur la conception de milliards de dollars de projets de construction d’hôpitaux et a amélioré la santé et la sécurité de patients dans le monde entier.
 
Le « evidence-based design » consiste à documenter les effets du design dans toutes ses dimensions (les espaces, les objets, les applications) sur la santé en utilisant les méthodologies existantes dans le domaine médical, « evidence-based medecine ». Un système de certification EDAC (Evidence-Based Design Accreditation and Certification) reconnaît les connaissances dans la conception d’établissements de santé fondée sur les données de la recherche.
légende photo : Roger Ulrich (gauche) en discussion avec le psychiatre Romain Pommier lors du colloque « Des jardins pour prendre soin » en mai 2019 à Saint-Etienne