Plante à découvrir/ L’arbre à miel du CFPPA de Romans-sur-Isère

 

L’arbre à miel (source photo : Pages Jaunes)
L’arbre à miel en cours de plantation
Non, il ne s’agit pas de la dernière découverte pour remplacer le sucre par un édulcorant sain et écologique lors des pauses “infusion” en fin de séance d’hortithérapie ! Ce petit arbre offert par la FFJNS au CFPPA de Romans-sur-Isère en remerciement pour son accueil de l’AG 2024, a tout de même quelques qualités intéressantes que nous présente Ashley Martinez, concepteur paysagiste à Valence.
 
Jérôme Rouselle : Quand la fédération a voulu offrir un végétal au CFPPA de Romans-sur-Isère, tu as recommandé l’arbre à miel. Pourquoi ?
Ashley Martinez : Parmi les différents arbres auxquels nous avions pensé, le Tetradium daniellii (anciennement appelé Euodia daniellii) nous a paru le plus susceptible de se plaire dans le climat et le sol de Romans-sur-Isère. C’est un arbre très intéressant par le parfum de sa floraison particulièrement généreuse, à la fin du printemps. Ce n’est pas pour rien qu’on l’appelle également l’arbre aux mille fleurs ! Les anglo-saxons le nomment eux, Bee-Bee-Tree, ce qui en dit long sur ses qualités mellifères. 
Jérôme Rousselle : Peux-tu nous décrire l’environnement de l’arbre à miel dans le jardin du CFPPA ? 
Ashley : Le CFPPA a souhaité le placer en isolé pour le mettre bien en valeur dans son fruticetum. À proximité, deux chênes, comme lui originaires d’Extrème-Orient, un Quercus myrsinifolia et un Quercus Ryzophylla, dont les feuilles ressemblent à celles du châtaigner. Ils forment ainsi un ensemble cohérent d’arbres aujourd’hui assez méconnus mais que leur adaptabilité au changement climatique rend intéressants dans le cadre de la création de nouveaux jardins.
Jérôme : En termes de sensorialité, quelles sont les qualités de l’arbre à miel ?
Ashley : Au-delà de son parfum entre jasmin et citron, il offre un bel intérêt visuel : sa floraison en corymbes (plateaux, un peu comme chez la carotte sauvage ou l’achillée millefeuille) blanc crème qui cèdent la place au cours de l’été à des baies d’un rouge framboise contrastant avec le feuillage brillant d’un vert soutenu. Ce dernier, quand on le froisse, dégage à son tour un délicat parfum d’agrume. Il est à noter que les baies, si elles ne se consomment pas, ne sont pas non plus réputées toxiques. De plus, il est intéressant en atelier de jardinage : on peut très facilement récupérer ses graines pour les ressemer en pleine terre ou en godet, avec de bonnes perspectives de réussite de la germination. 
Jérôme : Utilises-tu cet arbre dans tes propres conceptions de jardins ? 
Ashley : Je connaissais un peu cet arbre mais c’est à cette occasion que je m’y suis plus intéressé. Et je dois dire que je lui trouve de réelles qualités, en particulier dans le contexte de réchauffement climatique : rusticité et adaptabilité à des terrains assez variés. Autres atouts : son port léger, sa taille raisonnable et une croissance rapide. J’ai assez envie de le proposer dans certains de mes prochains aménagements.
Jérôme : Qu’est-ce qui t’a conduit à t’intéresser aux jardins thérapeutiques?
Ashley : C’est ma fréquentation de France Criou et Philippe Walch dans le cadre des cours que j’ai suivis au CFPPA de Carpentras qui m’a fait découvrir la notion de jardin thérapeutique. Au début, je ne comprenais pas trop ce que c’était et peu à peu, j’ai pris conscience du sens et de la cohérence du jardin thérapeutique dans le cadre du soin. 
Aujourd’hui, je m’estime encore plutôt en phase d’appropriation. Je travaille sur un projet dans une résidence senior à Marseille, la Roseraie de Saint Tronc, en collaboration avec Sara Bertolotti, du Jardin des Hêtres. Il s’agit d’un jardin vieillissant, un peu abandonné, où tout est à faire. Surtout, il est bordé par une rue très passante dont le bruit ne pourra pas être masqué par la seule implantation de végétaux. Il s’agira dont plutôt d’en détourner l’attention, par des contre-bruits, comme le clapotis d’une fontaine ou le chant des oiseaux, ce qui va nécessiter une approche très fine du végétal pour trouver les essences les plus favorables à la présence de ces derniers. Je pense travailler aussi sur les odeurs pour capter l’attention par un autre sens. 
Jérôme : Tu as participé à l’édition 2023 du festival des jardins de Chaumont-sur-Loire, dont le thème portait sur la résilience. Vois-tu des parallèles, ou des passerelles entre ton projet, “Le Corridor végétal” et la notion de jardin de soin ?
Le fait est que le point de départ de ce jardin, Le Corridor végétal, est une réflexion sur la résilience de l’esprit après un traumatisme. Je voulais évoquer une sorte de balade mentale dans un espace qui représenterait un peu le cerveau. Les contraintes de taille de la parcelle m’ont obligé à modifier mon projet. J’ai gardé cet esprit de corridor mais en intriquant la détresse humaine avec celle de la nature. À l’occasion de ce projet, j’ai découvert le travail de l’osier, très plastique, dont on peut faire ce qu’on veut, demandant peu d’entretien et aussi beau sec que vivant. Je trouve qu’il a toute sa place dans un jardin thérapeutique, sous forme de cabanes, par exemple, créant un cocon sécurisant à l’abri du soleil, une bulle d’intimité au sein de la nature. 
Fiche d’identité
Nom commun : arbre à miel, arbre aux cent mille fleurs
Nom latin : Tetradium daniellii
Famille : Rutacées            
Petit arbre caduc (petit mais… pouvant atteindre 20 m de hauteur pour une circonférence de 5 m) à la croissance rapide et la durée de vie plutôt courte (30 – 40 ans). Très mellifère et nectarifère, sa floraison est très appréciée des apiculteurs.
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