Ecothérapies
Dans sa définition première l’écothérapie se présente comme l’application pratique de l’écopsychologie.
L’écopsychologie reconnait les liens qui se tissent dès l’origine entre le corps vivant, le milieu naturel et l’existence humaine elle-même. Elle étudie la psychopathologie qui résulte de la dégradation de ces liens et ses répercussions sur le monde naturel.
L’écothérapie propose de prendre soin de la personne en réparant ces liens complexes et s’intéresse à leurs qualités. Ce faisant elle a aussi l’ambition d’éveiller, soutenir et développer la conscience écologique.
A partir de ces deux niveaux d’approche se sont développées des écothérapies :
- Au premier niveau se situent les Thérapies assistées par la relation à la Nature :
- Elles sont pratiquée par les professionnels du monde de la santé au sens large. Elles s’intéressent à la santé globale des personnes prises en charge, à leur bien-être physique, mental et social. Elles ont aussi la particularité intrinsèque de soutenir les compétences du thérapeute ce qui renforce la qualité du soin proposé.
- Le développement récent de programmes structurés a bénéficié des résultats favorables de nombreux travaux de recherche dans ce domaine. On peut citer pour exemple certains grands précurseurs en Europe : prise en charge du burn-out en Suède (programme Alnarp et Green Rehab), prise en charge des syndromes post traumatiques au Danemark (programme Nacadia de la clinique du stress Kalmia). S’y rattachent les programmes d’hortithérapie proposés dans les établissements de soin et les prisons, les sorties nature encadrées pour les enfants atteints de troubles de l’attention et de la communication liés aux stimulations inappropriées de la vie moderne et les programmes de réhabilitation sociale des jardins d’insertion.
Les zoothérapies s’appuient plus spécifiquement sur les bienfaits de la relation à l’animal. Aux personnes en situation de grande vulnérabilité elles offrent une rencontre vivante, une communication sensible et intuitive, compatible et favorable à l’épanouissement de leur bien-être.
- Au second niveau les pratiques écothérapiques dépassent le point de vue de la santé globale de la personne et porte attention sur sa disposition à renouer les liens avec la nature.
Elles proposent aux participants de développer cette qualité humaine, d’en comprendre la valeur et de prendre soin en retour de ce qui est offert. Pratiquées le plus souvent en pleine nature elles insistent sur la perception et le vécu de l’instant présent : réciprocité de la vitalité, développement de la sensorialité, apaisement et ressourcement, ouverture à la compréhension du milieu vivant, partage des ressentis et des connaissances, qualité des rapports humains qui se tissent. Les balades initiatiques dites « de santé », les bains de forêt, le land-art participatif, le yoga nature, la marche méditative, les sciences participatives, la permaculture… Autant d’écothérapies proposées par des professionnels de différents horizons. Leurs valeurs profondes sont encore mal comprises et elles restent peu soutenues officiellement. Elles adressent cependant un message écologique fort : la nécessité humaine d’une culture du lien à la Nature pour un prendre soin réciproque de la Terre et de l’Humanité.
Hortithérapie
En 2023, la fédération française Jardins Nature et Santé a opté pour cette définition de l’hortithérapie :
Acte thérapeutique holistique, s’inscrivant dans la durée, qui utilise le jardin, le jardinage et les relations avec la nature, en vue de prévenir, maintenir ou améliorer la santé physique, mentale et sociale, accompagné d’un ou de plusieurs professionnels qualifiés.
Si on se réfère à la définition de l’American Horticultural Therapy Association (AHTA), « l’hortithérapie consiste à utiliser les plantes et le végétal comme médiation thérapeutique sous la direction d’un professionnel formé à cette pratique pour atteindre des objectifs précis adaptés aux besoins du participant ».
Aux Etats-Unis, le « père de la psychiatrie américaine », Benjamin Rush, avait remarqué dès le 19e siècle les effets positifs du travail au jardin pour les « aliénés » et la Menniger Clinic a employé un hortithérapeute dès 1919. C’est en 1955 que le premier master en hortithérapie est créé à Michigan State University. La pratique de l’hortithérapie n’est pas une nouveauté de l’autre côté de l’Atlantique.
En France, on est plus frileux pour utiliser ce terme, faute pour l’instant de formations certifiantes et de reconnaissance de cette approche. Dans son livre « Jardins thérapeutiques et hortithérapie » (Dunod, 2022), Jérôme Pellissier propose de parler d’hortithérapies au pluriel pour reconnaître la variété des approches nourries de pratiques venues de champs différents.
Désireux de donner une définition simple de l’hortithérapie, il propose celle-ci :
« L’utilisation, s’inscrivant dans la durée, du jardin, du jardinage et des relations avec la nature, en vue d’améliorer son état (pourrait-on dire son être-à-soi, son être-aux-autres, son être-au-monde ?) et sa santé (incluant donc les dimensions bien-être, équilibre, capacité à prendre-soin de soi,…) avec l’aide d’un ou de plusieurs professionnels qualifiés (ayant donc les connaissances et la capacité pour). »
A noter que dans certains pays anglo-saxons (Royaume-Uni, Australie,…), on préfère le terme « therapeutic horticulture » à celui de « horticultural therapy », voire même le terme de « Social & Therapeutic Horticulture » (STH) avec des définitions cependant très similaires. C’est ainsi que depuis 2023, le « World Therapeutic Horticulture Day » a été lancé pour célébrer la pratique dans toute sa diversité dans le monde entier.
Jardins thérapeutiques
Tous les jardiniers savent que le jardin a des vertus thérapeutiques. Ils ressentent la capacité de leur jardin à leur faire du bien et à leur apporter du plaisir. Cependant, un jardin thérapeutique va plus loin.
Comme le décrit l’American Horticultural Therapy Association (AHTA), « un jardin thérapeutique est un environnement dominé par les plantes, conçu pour faciliter l’interaction avec les éléments thérapeutiques de la nature. »
Dans leur livre « Healing Gardens : Therapeutic Benefits and Design Recommendations » (Wiley, 2014), Clare Cooper Marcus et Naomi Sachs distinguent :
- les jardins thérapeutiques où l’on est (des jardins où on peut « s’asseoir, marcher, regarder, écouter, méditer, faire une sieste, explorer »).
- les jardins thérapeutiques où l’on fait (des activités « dirigées par un hortithérapeute professionnel, un ergothérapeute, un kinésithérapeute ou d’autres professionnels apparentés en collaboration avec les autres membres du personnel soignant »).Il n’est pas indispensable d’opposer ces deux conceptions du jardin thérapeutique, au contraire… : l’un n’empêche pas l’autre.
- Impossible de faire un portrait-robot rigide à reproduire mécaniquement puisque les jardins thérapeutiques prennent des formes variées en s’adaptant à leur contexte.
Cependant, les jardins thérapeutiques se reconnaissent à certains traits communs :
- une conception participative avec tous les usagers (équipes, usagers et leurs proches)
- une accessibilité étudiée pour que chacun puisse en profiter
- une profusion de plantes significatives
- une gestion respectueuse de la biodiversité notamment.
On parle de jardins thérapeutiques, mais aussi de jardins à visée ou à but thérapeutique ou encore de jardins de soins.
Pour qui ?
Pour tous.
La nature prend soin de nous et soigne nos vulnérabilités :
- dans les hôpitaux, pour les soignants, pour les soignés et pour leurs proches. Notamment dans des services de psychiatrie, de pédopsychiatrie, de trouble de l’oralité, de cancérologie, de gérontologie, d’addictologie ;
- dans les centres médicaux et paramédicaux ;
- dans des établissements ou services sociaux ou médico-sociaux (ESSMS) pour les personnes porteuses d’un handicap, dépendantes ou pas ;
- dans les EHPAD, pour les plus âgés dépendants et notamment pour ceux atteints de troubles neurodégénératifs comme la maladie d’Alzheimer ;
- dans les centres de détention pour les personnes détenues et pour le personnel ;
- dans les centres de réinsertion pour les personnes en situation d’exclusion sociale ;
- dans des écoles maternelles, primaires ou collèges et dans les IME ;
- pour les personnes victimes de traumatismes et celles victimes de violence ;
- pour les personnes dans des périodes de vie difficiles (épuisement, perte de repère, deuil…) ;
- pour les associations œuvrant dans le domaine de la santé et de la sensibilisation à l’environnement ;
- pour les institutions publiques et les entreprises soucieuses du bien-être de leurs employés
Nous sommes des êtres de Nature, sa fréquentation est bénéfique pour notre santé.
Plus notre environnement est vert et plus nous nous y connectons, plus nous augmentons nos chances d’être en bonne santé physique, psychique, sociale et cognitive.
Plus nous favorisons notre qualité de vie.