



Pauline de Gorostarzu vient de rejoindre le CA de la FFJNS. Elle présente ici son parcours en tant que paysagiste engagée de longue date sur les relations entre le jardin en ville et le bien-être des habitants.
Jérôme Rousselle – Pauline, peux-tu nous rappeler ton parcours en quelques mots ?
Pauline de Gorostarzu – J’ai suivi une formation en architecture du paysage, à Genève puis à Copenhague. En parallèle, j’ai accompagné des associations sur leurs projets de création de jardins dans le cadre de chantiers participatifs. Très vite en effet, j’ai eu à cœur de créer du lien social entre les habitants de la ville. Après mes études, j’ai travaillé en agence du paysage, à Lyon, plutôt sur de grands projets d’aménagement urbain. J’ai senti que je m’éloignais un peu du lien social, alors je me suis engagée en tant que bénévole au Samu Social de la Croix-Rouge.
En 2018, j’en suis venue à m’intéresser à l’aspect thérapeutique du jardin et me suis formée à la conception de jardins de soin et de santé à Chaumont-sur-Loire. À partir de là, j’ai développé des projets sur de plus petites échelles, me permettant à la fois d'intégrer les usagers à la conception du projet et de concevoir des lieux en faveur de la biodiversité, notamment des aménagements de cours d’école, toujours dans l’optique d’apporter un espace public reconnectant les habitants à la nature. Aujourd’hui, je ressens le besoin d’aller un peu plus sur le terrain. Et par là, j’entends aussi bien le jardin lui-même que la relation avec ses usagers. Je vais donc suivre prochainement la formation d’approfondissement en hortithérapie proposée par Terr’Happy, « Animer un jardin à vocation thérapeutique ou sociale ». Cette formation, étalée sur une année, m’apportera notamment l’opportunité de participer à des ateliers, de sortir de la réflexion pure pour être en lien direct avec les bénéficiaires de ces ateliers, de ressentir ce qui se passe avec eux.
Jérôme – Tu es membre de la FFJNS depuis 2019. Quel est ton ressenti par rapport à la journée de samedi ?
Pauline – J’ai en effet rejoint la Fédération dans la foulée de ma formation à Chaumont-sur-Loire. Ça m’a permis d’articuler mon activité de paysagiste avec les métiers du soin. Je suis absolument convaincue que prendre soin des espaces urbains et de la nature permet de prendre soin des habitants. J’ai trouvé la journée très inspirante. Elle a permis de voir les actions menées pendant l’année sur l’ensemble du territoire, mais aussi de rencontrer des membres de la FFJNS. Et puis, être dans un lieu comme l’hôpital Sainte-Anne, rencontrer des médecins psychiatres, tout cela concrétise bien les sujets sur lesquels travaille la Fédération. Les échanges, notamment lors du café philo, étaient très inspirants et offraient la possibilité de sortir de la technique en apportant de la hauteur de vue.
Jérôme – En tant que nouveau membre du CA de la FFJNS, quels sujets aurais-tu particulièrement envie de porter en 2025 ?
Pauline – Je souhaite participer à la réflexion de la FFJNS sur la manière de porter au niveau des collectivités locales l’idée que la nature en ville participe à la santé de tous. J’ai travaillé sur de nombreux marchés publics et force est de constater qu’aujourd’hui encore la réflexion des décideurs est centrée quasi exclusivement sur les bâtiments. Je souhaite leur faire prendre conscience de la nécessité des aménagements de nature en ville et du fait qu’à côté des parcs, des aménagements urbains végétalisés ou des jardins partagés, les jardins de soin participent également à cet objectif. Je compte développer cet enjeu au sein de la Fédération et le porter auprès des autorités publiques et du monde du paysage, notamment via la Fédération française des paysagistes (FFP). C’est d’ailleurs dans cette démarche que j’avais fait une présentation s'intitulant "Paysages urbains et Santé", au colloque d’octobre dernier à Lyon, avec Sarah de Barbazange, paysagiste et Aura Hernandez, psychologue sociale, membre de l’association Ville et Aménagement durable (VAD), qui travaillent sur ces sujets d’aménagement du territoire et de santé ou plus précisément "d'urbanisme favorable à la santé".