Image
Image
Image
Image

Actualités de l'Infolettre n°10

Infolettre n°10 - Témoignages

cre ation du jardin de Nanterre Laure BentzeLaure Bentze

Cofondatrice de Terr'Happy, Laure Bentze est également membre fondatrice de la FFJNS. Elle revient ici sur les activités du groupe de travail Bibliographie, sur l'ouverture de la Fédération à l'international et sur le projet de création d'une délégation territoriale Île-de-France.

Jérôme Rousselle – Laure, peux-tu nous rappeler ton parcours en quelques mots ?

Laure Bentze – Je suis praticienne et formatrice en hortithérapie et conçois des jardins à usage thérapeutique, des espaces qui permettent de pratiquer l’hortithérapie. Après des études dans une école de commerce, j’ai opéré une reconversion dans la biologie et l’écologie. En parallèle, je me suis formée à la relation d’aide afin de trouver une approche de la thérapie par le jardin et la nature, et à l’hortithérapie, auprès de Mitchell Hewson, hortithérapeute canadien. Cette notion de « relation d’aide », fondée sur l’approche centrée sur la personne, permet de s’adresser à tous les publics. J’ai créé Terr’Happy en 2016, avec Stéphanie Personne que j’avais rencontrée durant ma formation à Agro ParisTech. Elle terminait son diplôme d’ingénieur en agriculture urbaine. Ensemble, nous souhaitions mettre des jardins à disposition des personnes fragiles. Aujourd’hui, Terr’Happy compte environ 40 jardins créés à son actif, un peu plus de 350 personnes formées à l’hortithérapie, aussi bien en individuels que dans le cadre de la formation d’équipes d’établissements médico-sociaux. Enfin, nous animons environ 200 ateliers par an.

Jérôme – Peux-tu nous en dire un peu plus sur les objectifs du groupe de travail Bibliographie ?

Laure – Le GT Biblio est essentiel si on veut intervenir dans le domaine de la santé. La médecine a une approche très scientifique. Alors si on n’apporte pas de preuves scientifiques, on n’a aucune chance de se faire accepter par des médecins. Quand on s’adresse à des hôpitaux, des Ehpad ou des structures médico-sociales, il est essentiel de démontrer la légitimité de notre démarche. Des preuves, des preuves, des preuves ! Sinon, on en reste au stade de l’intuition.

Moi-même j’ai une certaine appétence pour la recherche. Cela a d’ailleurs poussé à ce que Terr’Happy collabore à des études scientifiques sur les effets des ateliers d’hortithérapie sur l’équilibre statique des personnes, les troubles anxio-dépressifs ou encore la sensation de bien-être.

Dans le cadre de ce groupe de travail je me suis interrogée en particulier sur la manière de vulgariser ces preuves scientifiques auprès des membres de la FFJNS et de leur donner les moyens d’en faire autant auprès de leurs interlocuteurs. Cette problématique de la vulgarisation est compliquée. Il n’est pas évident de faire une veille scientifique, de choisir quoi retenir et partager. Nous nous concentrons surtout sur les méta-analyses, ces études proposant des synthèses de la connaissance existante.

Participer à ce groupe de travail demande pas mal d’implication personnelle. En contrepartie, cela permet de structurer son lien aux autres membres de la Fédération. Le cadre, la mission partagée sont des facteurs très importants pour se rencontrer, échanger, voire s’épauler.

Jérôme – Tu représentes également la FFJNS au sein de certaines instances internationales relatives à l’hortithérapie. Quels enseignements tires-tu de tes échanges avec des praticiens de l’hortithérapie hors de France ?

Laure – En fait, nous sommes en contact avec un groupe européen, au sein duquel onze pays sont représentés, sous l’ombrelle de l’IGGT (Internationalen Gesellschaft GartenTherapie). Tous les participants sont des praticiens actifs en hortithérapie. Ce groupe, créé en 2023, s’est donné comme première mission de faire émerger une vision cohérente de l’hortithérapie au niveau européen, de faire le point sur les compétences que chaque pays estime essentielles pour pratiquer l’hortithérapie. La bonne nouvelle, c’est qu’on s’est aperçu qu’elles se retrouvaient d’un pays à l’autre ! Et plus encore, en accueillant Rebecca Haller*, en décembre dernier, nous avons constaté que nos confrères des États-Unis se posaient les mêmes questions, malgré leur antériorité dans le domaine. En 2025, nous pensons nous pencher plus particulièrement sur ce qui se fait dans les différents pays en matière d’évaluation. Nous faisons tous le même constat : on ne peut justifier une pratique qui se veut thérapeutique ni la défendre de manière étayée si on n’est pas capable d’évaluer ses apports. À partir de là, il nous paraît nécessaire de travailler sur quoi et comment évaluer scientifiquement les résultats de ce que l’on fait.

Jérôme – Tu travailles à la création d’une délégation territoriale en Ile-de-France. Qu’est-ce qui t’en fait ressentir le besoin ?

Laure – La FFJNS a atteint une vraie maturité. Elle propose désormais une vision relativement harmonieuse des pratiques de ses membres et des jardins thérapeutiques. Elle arrive à intéresser les milieux de santé, le médico-social. Maintenant, il me semble important que les membres joignent leurs forces, qu’il y ait plus de fluidité dans les échanges d’informations, que nous développions les possibilités de travailler ensemble en méthode agile, en s’appuyant sur nos compétences complémentaires. Cela permettrait aussi de répondre à des gros projets, des projets pour lesquels les membres sont trop petits individuellement. Le local est le bon niveau pour ça, et aussi pour s’épauler les uns les autres, pour se remotiver face à des difficultés éventuelles. Le développement des autres DT le montre bien !

 

* ancienne présidente de l’AHTA (American Horticultural Therapy Association)